lundi 15 février 2010

Gérard Guégan chronique Racailles dans SUD-OUEST

LIVRE OUVERT

GÉRARD GUÉGAN.

La vie à bout portant


Pour qui aime la littérature sans détester le cinéma, « Racailles », le roman de Vladimir Kozlov, rappellera peut-être, dans l'acuité du regard, « Ils mourront tous sauf moi », le film de Valeria Gaï Guermanika. À ceci près qu'au contraire de la cinéaste, qui lorgne du côté de Nan Goldin, Kozlov s'inscrit, consciemment ou non, dans la tradition romanesque des premiers Soviétiques, Babel et Pilniak, tenants d'un réalisme à ras de terre qui leur coûta la vie. Les temps, heureusement, ont changé. Aucun juge n'expédiera Kozlov à la potence pour avoir, vingt ans après la perestroïka, tiré de cette époque-là - l'époque des grands possibles - une série de portraits-robots plus terrifiants les uns que les autres.

« Racailles » raconte, en effet, la vie en cité d'adolescents tenaillés aussi bien par le sexe que par l'envie de tourner la page du communisme bureaucratique, avec dans le rôle du Candide (mais un Candide qui raffolerait des mots crus) un certain Volodia dont chacun pensera assez vite qu'il doit beaucoup à l'auteur. Comme lui, il est brillant en classe sans croire un seul instant qu'il en tirera, à l'âge adulte, le moindre profit. Un grand crétin, qui a l'avantage sur Volodia d'avoir déjà fait l'amour, le martyrise et l'appelle « Crevard ».

Si tant est donc que Kozlov soit Volodia, eh bien, tout crevard qu'il a pu paraître être, il fait la démonstration avec son roman d'une énergie que plus d'un Français lui enviera. Un exemple.

Dans les premières pages de « Racailles », à côté de Volodia, on aperçoit Igor, le grand frère, pas vraiment méchant mais, d'évidence, promis, quand il aura quitté sa famille, à la dérive, à la casse. Sauf que le pire est toujours plus proche qu'on le pense. « Igor est mort, écrit à la page suivante Kozlov, à la fin de la seconde, au mois de mai. Il buvait du vin avec ses amis au bord de la rivière. Il est allé se baigner et il s'est noyé. »

C'est sec, c'est net, c'est la vie à bout portant. Remarquable.

« Racailles », Vladimir Kozlov, traduit (avec brio) du russe par Thierry Marignac, 272 p., éd. Moisson Rouge, 18 euros.

lundi 8 février 2010

Equipement standard du gopniki




mercredi 3 février 2010

Le site Noir comme polar chronique RACAILLES


Union soviétique années 80. Perestroïka figée dans le béton hostile, gris et sale d’une cité accablante parmi "le bétail des quartiers ouvriers". Des "vacances" (premier chapitre) au "bureau" (dernier chapitre), l’histoire sans horizon d’une bande d’ados stagnants, fils de "prolétaires finis à l’urine". "En cours de russe, on doit composer une rédaction sur le thème "qui je veux devenir plus tard". Je ne sais pas quoi inventer. Je ne veux devenir personne". Les bandes, la castagne, les gars du quartier des Travailleurs contre les Lénine, l’alcool artisanal, les cornichons Mollossol et les tartines de saindoux, les premières cuites, les hormones, les premières filles, les clopes sans tabac roulées dans du papier journal, la dèche, le sexe sans amour, la vie sans avenir, la violence, le racket, le triste et le nauséabond.
Chronique brutale (et très pubienne) "ou le bestial, loin d’être spectaculaire, n’est qu’un ingrédient malsain de plus dans un quotidien glaçant", langue âpre "ne reculant devant aucune bassesse pour faire avancer l'histoire, de préférence à coups de pieds".

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