vendredi 27 août 2010

Entretien de Sophie Di Ricci avec Babelio.

Moi comme les chiens a été inspiré par le Shinjuku Triad Society de Miike Takashi, en quoi la construction cinématographique a-t-elle joué sur votre écriture ?

Dans la brièveté des chapitres et l'importance des dialogues. Le récit est très souvent consacré à l'action, peu à l'introspection. Enfin je crois...

Le titre de votre roman est repris de Comte de Lautreamont "Moi comme les chiens, j'éprouve le besoin de l'infini...", simple hommage ou influence littéraire?

Influence, je ne sais pas... Je pense que les auteurs sont toujours influencés parce qu'ils lisent, que ce soit conscient ou pas. Je ne peux pas prétendre être consciemment influencée par un poète dont l'œuvre se déroule dans un monde imaginaire fait de monstres, de mutations, de magie... J'ai écrit un roman « réaliste ».
La filiation à Lautréamont se situerait plutôt dans la description de l'appel au monde qu'est l'adolescence – et de l'acceptation ou du refus de cet appel. Loin de moi l'idée de signifier que je l'ai fait de la même façon que lui...
A mes yeux, la citation « Moi comme les chiens... » résume parfaitement ce qu'éprouve un personne aspirée par une tentation qui la dépasse.


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mardi 10 août 2010

vendredi 6 août 2010

Interview de Sophie Di Ricci par Bernard Strainchamps















Comment vous est venue l’idée d’écrire Moi comme les chiens ?


Je n’étais qu’une gosse, j’avais vingt-deux ans (j’en ai aujourd’hui vingt-six). Mon frère m’a prêté le film de Takashi Miike "Shinjuku Triad Society", un polar avec des yakuzas. Autant dire que ça m’a fait un choc cosmique. Une histoire simple, des scènes brèves qui claquaient comme les balles d’une mitraillette et une véritable urgence dans le propos, dans la mise en scène, dans la transmission de l’ambiance. Je me suis dit que je devais écrire quelque chose dans ce genre-là. J’avais déjà développé quelques situations de "Moi comme les chiens", mais elles restaient à l’état d’ébauches. Après avoir vu le film, j’ai construit mon fil conducteur très rapidement. Il n’y a rien de très compliqué dans la structure du roman. Rencontre – traque – vengeance.

Pourquoi un couple homosexuel ?

J’ai toujours voulu être un homme et j’aime les hommes. Pour l’instant – peut-être que ça changera un jour – je ne ressens aucun plaisir à développer des personnages féminins. J’ai envie de me transformer, quand j’écris. Sinon, je m’ennuie. Et puis, comme j’aime bien les histoires de sexe, s’il n’y a que des mecs, ça donne forcément des histoires entre mecs. J’adore passer six mois dans l’écriture d’un roman masculin. C’est le pied.


La prostitution masculine, c’est un milieu que vous connaissez ?

Je pars du principe que toute relation vénale, de domination, d’exploitation, se déroule de la même façon. Je connais, dans le sens où j’expérimente, comme la plupart des gens, ces mécanismes-là dans ma vie quotidienne. Avec la drogue ou la prostitution, les choses sont beaucoup moins déguisées que dans d’autres situations.


L’intrigue se déroule durant la coupe du monde de football de 2006. Pourquoi ce choix ?

J’ai écrit le premier jet du roman pendant la Coupe du monde en 2006. Je l’ai intégrée sans même y réfléchir. C’était une bonne initiative, elle m’a fourni une superbe unité de temps. En plus, j’aime beaucoup le football.


Etes-vous lectrice de roman noir ?

En vérité, je lis un peu de tout. En polar et roman noir, j’évite les ouvrages trop violents. Je suis du genre à tourner longtemps avec une petit fonds de roulement d’auteurs : Chester Himes, Richard Price, Edward Bunker, Harry Crews.


Pourquoi les éditions Moisson rouge ?

J’avais trouvé leur ligne éditoriale intéressante, je m’y reconnaissais, bref, j’avais l’impression qu’eux et moi, on pouvait tout à fait s’entendre. J’ai pu bénéficier d’une liberté complète dans la rédaction de mon manuscrit final. Et je pense que c’est ce que souhaite un auteur, non ?

Entretien réalisé par Bernard Strainchamps pour Bibliosurf.com, librairie en ligne.
http://bibliosurf.com/Interview-de-Sophie-Di-Ricci