jeudi 30 octobre 2008

Serguei Dounovetz


Sortie aujourd'hui, 30 octobre, d'Un ange sans elle, de Serguei Dounovetz, premier inédit français de Moisson rouge (et pas le dernier: on en reparle). Un dossier très complet est consacré à l'auteur sur notre site internet. Et pour vous donner envie, un extrait du livre :

"Un grain de sable s’était glissé dans les rouages huilés de son implacable certitude. Ce grain de sable portait un nom qui sonnait comme une note interdite que les jazzmen vont puiser très loin au fond de leurs tripes, une note qui vient du ventre, laissant invariablement une cicatrice. Cette fausse note, dans l’univers d’Angelo, s’appelait Nombril. Non pas nombril, comme un nombril, mais Nombril, comme le nom d’une femme qui posséderait le plus bel orifice de la création. Perdre revenait à ne rien perdre… Pour la première fois de sa vie, La Trique doutait de sa propre doctrine, celle qui l’avait amené au sommet. Et c’était un grain de sable, un vulgaire grain de sable, roux, rond et chaud, avec une cervelle de moineau, qui venait de gripper la machine. C’est pourquoi Di Savino avait réuni dans son bureau son gang au grand complet. Dix hommes, sans compter la sentinelle en faction sur l’immense terrasse. Tao et Frégate, ses fidèles lieutenants, se tenaient debout à ses côtés, les bras croisés, les griffes rentrées. Les frères siamois étaient inséparables. Petits et maigres, ils ne payaient pas plus de mine que des crayons mâchouillés ayant servi à remuer le café. Mais pour qui savait observer l’espèce humaine, dans les châssis de ces deux-là, on ne lisait que du malheur. Angelo, ramassé dans son fauteuil, les coudes posés sur son bureau, ses longues mains osseuses jointes à hauteur du menton, faisait craquer ses articulations. Habillé d’un sobre costume noir à la coupe impeccable, sur un col roulé en laine d’Écosse, il avait quelque chose du Nosferatu de Murnau. Mais le patron du Dancing Vamping n’était pas un vampire ordinaire."

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