lundi 25 août 2008
Sortie de Prière pour Dawn!
« JOEY SPITFIRE NE VIT JAMAIS le monde en flammes. Ni les avions percuter les tours du World Trade Center. Il manqua la parano de l’anthrax. Il ne vit jamais les bombes larguées sur l’Afghanistan et partout ailleurs. Il ne vit jamais l’afflux d’escrocs à la petite semaine marqués de petite vérole dans les pénitenciers du pays. Il ne vit jamais les camps d’internement. Les mises en détentions. Les interrogatoires. Les tribunaux. Il ne vit jamais cette guerre absolument nécessaire et absolument impossible à gagner. Une guerre sans fin. Il vécut dans un monde d’une futilité insensée. Un monde qui n’avait pas perdu son sang-froid. Un monde froid. Le monde de l’ironie qui sonne creux. Il mourut avec ce monde-là. »
Dans ce monde chaotique, au milieu d’adultes à la dérive, jaillit la voix innocente de la petite Dawn, neuf ans, dont la vie bascule le jour où son père est accusé d’incitation à la pédophilie.
Roman choral, fresque noire et poétique, Prière pour Dawn est le portrait hanté d’une Amérique qui perd ses illusions en même temps qu’une enfant.
Romancier, musicien et performer, Nathan Singer, trente ans, vit à Cincinnati. Prière pour Dawn est son premier roman.
(Remarquablement) traduit de l'anglais (États-Unis) par Laure Manceau
18 euros
jeudi 21 août 2008
Prière pour Dawn par Nathan Singer
À quelques jours de la sortie du livre, un nouvel extrait de Prière pour Dawn joué par Nathan Singer. Et pour en savoir plus sur le roman et l'auteur, consultez le dossier spécial que nous lui avons consacré sur le site de Moisson rouge. En librairie le 25 août; nous on piaffe...
jeudi 14 août 2008
Dossier Nathan Singer
Retrouvez sur le site de Moisson rouge un dossier spécial Nathan Singer, à l'occasion de la sortie de Prière pour Dawn.
Un entretien, une vidéo, des extraits du roman...
Avant-goût:
Prière pour Dawn a été écrit il y a quatre ans alors que George W. Bush était (sur le point d'être ?) triomphalement réélu. Quatre ans plus tard, écririez-vous le même livre ?
En fait, il a été publié en 2004 mais je l’ai écrit entre le mois d’août 2001 et celui de février 2002 (à peu près la période couverte par le livre). Si je devais l’écrire aujourd’hui, il serait BEAUCOUP plus sombre, beaucoup plus désolé (avec, je l’espère, quelques moments drôles mais je n’en suis pas certain). Les Etats-Unis n’avaient pas encore envahi l’Irak. Les photos des tortures et des agressions sexuelles commises à Abu Ghraib par des soldats américains n’existaient pas encore. Tout cela aurait sans doute joué un rôle dans Prière pour Dawn tout comme l’exécution de Saddam Hussein, particulièrement les images qui en ont été diffusées. Je suis papa maintenant et cela aurait probablement joué sur l’écriture. Ce qui était fou dans cette période qui a suivi le 11 septembre, c’est que vous n’étiez pas autorisé à ridiculiser le Président, ce qui constitue pourtant un passe-temps consacré aux Etats-Unis. Et jamais il n’y avait eu cible méritant plus de mépris et de raillerie que George W. Bush. Heureusement, nous en sommes revenus et, aujourd’hui, il est constamment ridiculisé, mais lorsque j’écrivais le livre, il était intouchable. Il avait 90 % d’opinions favorables ! Nous avions donc cet imbécile pourri gâté, corrompu et sociopathe, à peine capable de parler sa propre langue qui s’agitait ici et là en jouant aux déguisements et précipitait le pays dans le mur (avec l’aide de sa joyeuse bande organisée de voleurs et de criminels de guerre) et tout le monde avait bien trop peur pour l’attaquer sur ses conneries. Jusqu’à aujourd’hui, même les tout-puissants Simpson ont été trop dégonflés pour embrocher ce tas fumant d’immondices humains. Quelle occasion manquée ! À de nombreux égards, Prière pour Dawn est une satire à propos de la mort de la satire.
vendredi 8 août 2008
L'amour du noir: à propos de Manchette
Rappelons, pour commencer, deux ou trois « banalités de base » aurait dit Vaneigem, l’auteur du Savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, paru en 1967, année où Debord publie également La société du Spectacle et où Jean-Patrick Manchette commence son Journal. Parmi ces banalités de base, se souvenir que Manchette est un écrivain majeur et que ses livres, qui furent considérés au moment de leur parution, comme des romans noirs plutôt mieux fichus que la production habituelle, se révèlent avec le temps des textes d’une importance grandissante. Un critère très simple peut être proposé :combien d’auteurs de polars relit-on ? Il ne viendrait à personne, espérons-le, l’idée de relire un Carter Brown ou un Marc Lévy, sauf perversion particulière. Se souvenir aussi que Manchette a soumis l’écriture à des tests de résistance inédits, que Manchette est précis comme un enchanteur qui sait varier ses métamorphoses. Fatale ou La position du tireur couché, pour ne citer que deux de ses romans capitaux comme le péché, prendront assez vite place, on peut le parier sans trop de risque, dans les futurs manuels de littérature du vingtième siècle, quand on se sera aperçu par exemple que le Nouveau Roman et les cabrioles de Robbe-Grillet, c’est du Manchette en beaucoup plus ennuyeux et en beaucoup moins audacieux.
Pour ceux qui auraient encore des doutes et croiraient que l’auteur de romans noirs en général, et Manchette en particulier, est juste un forçat de l’Underwood jouant avec les hormones du lecteur en mêlant violence et sexe entre deux cuites au ouisquie, ce Journal couvrant la période 1966-1974 fera exploser le cliché comme une grenade à fragmentation dont les éclats s’appellent le style, la théorie, le sens.
1966-1974, c’est la période où la France des trente glorieuses commence à avoir des doutes de femme célibataire, connaît une crise de nerfs en 68 (le Journal de Manchette, de manière pas si surprenante, montre un intérêt plus que distant pour les événements de Mai) et finit dans la clinique psychiatrique du premier choc pétrolier dont, Folle à tuer, elle n’est toujours pas sortie. Manchette, lui, construit le meilleur de son œuvre. Une œuvre qui va rendre compte de ces temps déraisonnables : bombes à retardement de l’Histoire, désordres mentaux, terrorisme, marchandisation totale du monde. Ce n’est pas toujours un travail facile. L’écrivain n’a pas la froideur des tueurs du Petit bleu de la Côte Ouest ni la merveilleuse arrogance ironique de son écriture romanesque dans son Journal laboratoire. L’écrivain a peur, il doute, il déprime même, comme ce jour de février 70 : « Toute la soirée, nous avons eu une horrible conversation sur mon manque de progrès palpables et notre pauvreté. Je suis désarmé devant ces choses, et je réagis donc par des conduites de fuite, qui vont du retranchement dans la garde-robe à la crise de larmes, en passant par le masque. »
Dans le Journal de Manchette, le sens de l’événement et l’hypocondrie vont de pair. Sous la rubrique « Historiographie », il colle des coupures de journaux (Hegel, une de ses références majeures, disait que la lecture des journaux du matin est la prière du rationaliste), coupures de journaux qui ressemblent de plus en plus aux romans de science-fiction apocalyptiques, comme ceux de John Brunner, dont il est friand. Ainsi, à la date du 3 décembre 1969, mentionne-t-il l’assassinat de Sharon Tate par Charles Manson, tout en se plaignant d’une grande fatigue physique. En même temps, comme il a bon goût, il est pris, en voyant Marguerite Duras à la télévision, d’une « hilarité inexcusable ».
Comme quoi, que ce soit en littérature, en cinéma ou en politique, Manchette se sera assez peu trompé, et son Journal est l’attestation éclatante de cette lucidité.
Journal 1966-1974 de Jean-Patrick Manchette (Gallimard, 640 pages, 26 euros)
Jérôme Leroy
Le Figaro littéraire ( 4 juin 2008)