mercredi 26 janvier 2011

PSYCHOSE

Moisson Rouge réédite en mars prochain le cultissime Psychose de Robert Bloch, avec une traduction revue par Emmanuel Pailler et une préface de Stéphane Bourgouin, criminologue et spécialiste des tueurs en série.


vendredi 21 janvier 2011

Rachid Santaki dans le Parisien

Rachid Santaki affiche son polar urbain

« Les anges s’habillent en caillera » se déroule en Seine-Saint-Denis. C’est le premier roman d’une collection dédiée à la banlieue et lancée par cet auteur du département.

GWENAEL BOURDON | Publié le 21.01.2011, 07h00
SAINT-OUEN, HIER. Comme le font habituellement les rappeurs lors de la sortie d’un album, Rachid Santaki a couvert les murs d’affiches annonçant la parution de son roman.
SAINT-OUEN, HIER. Comme le font habituellement les rappeurs lors de la sortie d’un album, Rachid Santaki a couvert les murs d’affiches annonçant la parution de son roman. | (lp/G.B.)

Mercredi soir, Rachid Santaki n’a pas dormi. Comme les rappeurs qui veulent annoncer la sortie de leur album, il est allé couvrir d’affiches les murs du quartier de la gare à Saint-Denis. Sauf que Rachid ne rappe pas, il écrit. Son roman, « Les anges s’habillent en caillera* » (Editions Moisson rouge), est en librairie depuis hier. Et ses affiches le clament fièrement : désormais, « le 93 a son premier roman noir ».
Un roman du 93, ce livre l’est à double titre. D’abord parce que l’histoire s’inspire du parcours d’un personnage réel, jeune délinquant de Saint-Denis surnommé le Marseillais. Ensuite parce que l’auteur est un enfant du cru. A 37 ans, Rachid Santaki n’a jamais quitté le nord de la Seine-Saint-Denis. Il habite La Courneuve, et a grandi entre Saint-Ouen et Saint-Denis, au rythme des entraînements de boxe et des débuts du rap.

Le langage des cités

Cette culture urbaine lui colle décidément à la peau. Après avoir dirigé pendant plusieurs années le magazine gratuit « 5Styles », dédié à la culture hip-hop, ce jeune père de famille veut désormais ouvrir une nouvelle voie : celle de l’écriture. « Aux Etats-Unis, les rappeurs ont influencé des auteurs. Il faut désacraliser l’écriture », estime-t-il, citant volontiers l’Américain George Pelecanos, dont les romans plongent dans les bas-fonds de Washington.
Rachid Santaki n’en est pas à son coup d’essai. Son premier récit a été publié en 2008, sous le titre « Ma petite cité dans la prairie ». Il y expérimentait déjà une écriture très orale, puisant dans le langage des cités. Cette fois encore, le récit emprunte au verlan et aux expressions propres au 93. « C’est un livre qui parle de la banlieue avec son langage et ses codes », estime Hector Paoli, l’un des éditeurs. Préfacé par le rappeur Oxmo Puccino, ce livre trouvera-t-il son public ? La promo, par le biais des affiches et du blog littéraire de Rachid Santaki, semble avoir fonctionné. « J’ai croisé plusieurs jeunes de Saint-Denis qui me demandent : Alors, le livre sur le Marseillais, il sort quand ? confie Rachid. Si on arrive à réconcilier les plus jeunes avec la lecture, ils s’intéresseront aussi aux classiques. »
Avec ses éditeurs, Rachid Santaki espère surtout ouvrir la voie à d’autres écrivains en puissance. Ensemble, ils ont fondé une nouvelle collection dédiée à la littérature urbaine, le Syndikat. Les premiers textes, courts, seront d’abord publiés sur Internet, puis dans une revue. « Quand la littérature s’éloigne de la rue, il y a toujours quelqu’un pour l’y ramener », assure Hector Paoli.

* Racaille, en verlan.
« Les Anges s’habillent en caillera », de Rachid Santaki, Editions Moisson rouge, 18 €.
Le Parisien

lundi 17 janvier 2011

Mémoires d'un poisson rouge (3)

Chapitre Trois
L.A. STORY de James Frey

Un des procédés narratifs les plus passionnants à mon sens, est ce que j’appelle les “histoires parallèles” : mêler deux histoires (ou plus) en alternant les chapitres, constitue un moyen très efficace  d’accrocher et de maintenir le lecteur dans un état de curiosité terriblement excitant : on ne cesse de se demander quand et comment — et si — ces histoires vont enfin se relier…  Quelques bouquins utilisant ce procédé, comme “Un homme, un vrai” de Tom Wolfe, m’ont particulièrement marqué, mais aucun ne m’avait autant embarqué que L.A. Story (Bright Shiny Morning) de James Frey.

Dans ce roman de presque cinq cents pages se côtoient une multitude de personnages particulièrement bien construits, dont le seul lien véritable est la ville…  Et quelle ville que Los Angeles ! Capitale mondiale du polar, la ville où le crime et la violence sont élevés au rang de culture… la Mecque du roman noir. De Chandler à Ellroy,  j’ai l’impression d’y être allé mille fois au cours de mes lectures… Ces lieux si familiers, où je n’ai pourtant jamais mis les pieds, se prêtent particulièrement bien au genre, mais aussi au style narratif en question, du fait de son immense superficie, de la diversité terriblement contrastée de ses quartiers — Watts, Bel-Air, Chinatown, Hollywood, Compton, Venice — et des incroyables écarts entre les communautés qui forment ses quelques neuf millions d’habitants.

Au cinéma, c’est devenu particulièrement flagrant ces dernières années. Les scénaristes usent de ce procédé, parfois pour le pire, mais aussi pour le meilleur : On leur doit quelques merveilles comme Babel, Magnolia, Crash, 21 grammes, ou encore Traffic, et l’une des plus belles réussites du genre : le branquissime Pulp fiction, évidemment.

Bien entendu, ces histoires se déroulent la plupart du temps à Los angeles.

Dans ce premier roman publié aux Etats Unis en 2008, et en France, chez Flammarion en 2009, James Frey nous livre les destins parallèles de personnages qui auraient pu ressembler à une série d’archétypes grossiers s’ils n’étaient pas aussi bien sentis : Du couple d’acteurs en vogue, hypernarcissiques, au loser alcoolique et sa bande de copains sans-abri de Venice beach, de la femme de ménage Latino, aux petits jeunes pécores venus s’essayer au rêve américain, on suit les trafics redoutables d’un gang de bikers, la croisade d’une bande de clodos, ou les préoccupations nombrilistes, paranoïaques et égosexuelles de richissimes connards. On passe d’un personnage à l’autre, on s’attache à certains, on vit à côté d’eux, presque à les toucher, tant il nous semble les connaître.

Eux, mais aussi L.A…

Car le tour de force de ce roman, c’est de nous faire ressentir Los Angeles non comme un lieu, un espace à un moment précis,  mais comme un personnage à part entière. Usant de ce style narratif d’histoires parallèles, l’auteur nous raconte l’évolution de la ville la plus redoutable d’Amérique, depuis sa fondation jusqu’à la mégapole qu’elle est devenue. Chapitre après chapitre, parfois sous un angle sociologique ou ethnique, parfois  d’un point de vue foncier, à travers l’histoire de sa presse, de ses gangs, de sa police, ou tout simplement au détour de simples faits divers, on prend petit à petit conscience de l’entité démoniaque qu’est Los Angeles.

Loin de nous donner la moindre leçon de morale ou d’histoire, James Frey écrit avec passion et tendresse, mais aussi avec beaucoup d’intelligence, dans un style plus proche de la nouvelle ou du journalisme que du pur roman noir.

L.A. Story représente pour moi l’exemple le plus réussi d’un des styles narratifs les plus dangereux et probablement les plus casse-gueule.

Tiens, je vais le prêter à Hector !

Une chronique d'une amie Bibliothécaire

 
Mississipi blues
 
Décidément, les éditions Moisson Rouge, qui veulent promouvoir le roman noir "au delà des genres", nous réservent de belles surprises.
 
J'avais déjà chroniqué il y a quelques temps Moi, comme les chiens de Sophie Ricci et Allée simple de Carlos Salem.
 
Voici ma troisième découverte ; un mélange de roman historique, de roman noir et de science-fiction !
Eli Cooper est un peintre expressionniste renommé du "Village" de New-York, digne héritié de Japon Pollock ou de De Kooning. Mais sa grande passion est le blues des années 30.. .
Un soir, sa femme, chanteuse, est tuée accidentellement sur scène. Ivre de douleur, Eli erre dans les rues, s'évanouit...puis se retrouve dans un village paumé du Mississipi en 1938 !
Il va y faire la connaissance d'une bonne noire, qui est le sosie mystérieux de sa femme....
Eli va peu à peu comprendre que des couloirs du temps permettent de traverser les époques....
 
Un récit polyphonique très bien construit qui alterne les voix de trois personnages : eli, le "transporté", l'esclave noir et l'étrange Kinnae, le "passeur". Les trois personnages s'expriment dans leur journal intime respectif ; au début, o se demande qui est qui et puis, tout se rassemble...
 
Nathan Singer nous livre un récit à la fois des plus réels et des plus fantaisistes. A la manière d'un beau roman sudiste, il peint magnifiquement une atmosphère faite de langueur, de poussière, de travail tout en rendant une magnifique hommage au jazz des années 30, à travers la figure du blues man  Howlin Wolf...Quelques airs de blues du delta, un vieux café enfumé ...et nous voila partis pour un merveilleux voyage dans le temps et une belle histoire d'amour.
 
Le mélange polar/science-fiction se fait habilement grâce à l'invention de curieux personnages "transgenres" : Eli est menaçé par "Eux", la police du temps qui débusque, à différentes époques, les voyageur du temps. Eli va donc devoir échapper à cette police si particulière, ce qui donne à ce récit historico-fantastique des allures de thriller ...
 
Bonne découverte !

http://passiondeslivres.over-blog.com/