vendredi 21 janvier 2011

Rachid Santaki dans le Parisien

Rachid Santaki affiche son polar urbain

« Les anges s’habillent en caillera » se déroule en Seine-Saint-Denis. C’est le premier roman d’une collection dédiée à la banlieue et lancée par cet auteur du département.

GWENAEL BOURDON | Publié le 21.01.2011, 07h00
SAINT-OUEN, HIER. Comme le font habituellement les rappeurs lors de la sortie d’un album, Rachid Santaki a couvert les murs d’affiches annonçant la parution de son roman.
SAINT-OUEN, HIER. Comme le font habituellement les rappeurs lors de la sortie d’un album, Rachid Santaki a couvert les murs d’affiches annonçant la parution de son roman. | (lp/G.B.)

Mercredi soir, Rachid Santaki n’a pas dormi. Comme les rappeurs qui veulent annoncer la sortie de leur album, il est allé couvrir d’affiches les murs du quartier de la gare à Saint-Denis. Sauf que Rachid ne rappe pas, il écrit. Son roman, « Les anges s’habillent en caillera* » (Editions Moisson rouge), est en librairie depuis hier. Et ses affiches le clament fièrement : désormais, « le 93 a son premier roman noir ».
Un roman du 93, ce livre l’est à double titre. D’abord parce que l’histoire s’inspire du parcours d’un personnage réel, jeune délinquant de Saint-Denis surnommé le Marseillais. Ensuite parce que l’auteur est un enfant du cru. A 37 ans, Rachid Santaki n’a jamais quitté le nord de la Seine-Saint-Denis. Il habite La Courneuve, et a grandi entre Saint-Ouen et Saint-Denis, au rythme des entraînements de boxe et des débuts du rap.

Le langage des cités

Cette culture urbaine lui colle décidément à la peau. Après avoir dirigé pendant plusieurs années le magazine gratuit « 5Styles », dédié à la culture hip-hop, ce jeune père de famille veut désormais ouvrir une nouvelle voie : celle de l’écriture. « Aux Etats-Unis, les rappeurs ont influencé des auteurs. Il faut désacraliser l’écriture », estime-t-il, citant volontiers l’Américain George Pelecanos, dont les romans plongent dans les bas-fonds de Washington.
Rachid Santaki n’en est pas à son coup d’essai. Son premier récit a été publié en 2008, sous le titre « Ma petite cité dans la prairie ». Il y expérimentait déjà une écriture très orale, puisant dans le langage des cités. Cette fois encore, le récit emprunte au verlan et aux expressions propres au 93. « C’est un livre qui parle de la banlieue avec son langage et ses codes », estime Hector Paoli, l’un des éditeurs. Préfacé par le rappeur Oxmo Puccino, ce livre trouvera-t-il son public ? La promo, par le biais des affiches et du blog littéraire de Rachid Santaki, semble avoir fonctionné. « J’ai croisé plusieurs jeunes de Saint-Denis qui me demandent : Alors, le livre sur le Marseillais, il sort quand ? confie Rachid. Si on arrive à réconcilier les plus jeunes avec la lecture, ils s’intéresseront aussi aux classiques. »
Avec ses éditeurs, Rachid Santaki espère surtout ouvrir la voie à d’autres écrivains en puissance. Ensemble, ils ont fondé une nouvelle collection dédiée à la littérature urbaine, le Syndikat. Les premiers textes, courts, seront d’abord publiés sur Internet, puis dans une revue. « Quand la littérature s’éloigne de la rue, il y a toujours quelqu’un pour l’y ramener », assure Hector Paoli.

* Racaille, en verlan.
« Les Anges s’habillent en caillera », de Rachid Santaki, Editions Moisson rouge, 18 €.
Le Parisien

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