mercredi 29 juin 2011

Apportez-moi Octavio Paz ; extrait

Le commandant Ojeda consulta sa montre. Il sortit de la cuisine avec précipitation, une tasse de café à la main. Il s’arrêta devant le téléviseur et l’alluma avec la télécommande. 
Le commandant regardait un journal consacré aux faits-divers sanglants.
De fait, il apparut à l’écran. Il semblait plus maigre, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Il prêta attention aux présentateurs du programme.
« L’homme à l’écran est le commandant Ojeda et il ne sait rien de rien. Regardez comme il fait souffrir cette femme », croassa le présentateur.
Une fragilité contagieuse naquît à l’écran, des sanglots de femme. 
En voyant Nadia, le commandant Ojeda sentit qu’elle serait la muse parfaite pour le roman qu’il souhaitait écrire ; puis, dans un élan créatif, il éteignit le poste. Dans l’obscurité de la pièce, les yeux ouverts, il décida que l’affaire Polkon serait le sujet de son livre. Quelques secondes plus tard, il saisit son quarante-cinq millimètres sur la table basse. 
Une détonation retentit, une balle transperça la chaussure du commandant.

vendredi 24 juin 2011

Extrait : Apportez-moi Octavio Paz ; Federico Vite

Les photographes se disputaient l’expression la plus sadique du visage d’un homme grand et chétif, dans l’espoir de prendre une série de grimaces diaboliques. 
Varguitas, le médecin devenu meurtrier, se mit à pencher la tête et à émettre des petits bruits d’autant plus inaudibles que le commandant Rodríguez se servait du micro pour magnifier la conférence et intensifier sa voix de solennel serviteur public responsable, mais il eut rapidement l’air de commenter un défilé de mode, car de temps à autre, il efféminait son discours et insistait sur la qualité morale de l’individu et son accoutrement. 
Les reporters se contentaient d’injurier Varguitas d’un qualificatif peu journalistique : couille molle. Lorsqu’ils présentèrent Nadia le silence fut profond, comme extrait d’une veillée funèbre, elle apparut sans défense et vaguement détachée d’elle-même, elle mentionnait avec euphorie qu’elle était prête à expier sa faute, ce qui contrastait totalement avec les premières versions de la suspecte. Un des chroniqueurs se chargea de lui demander comment elle cachait si bien les pensées perverses qu’elle renfermait ? 
Les questions s’accumulèrent devant le visage de madame Polkon tandis que le commandant Rodríguez regardait avec stupeur la prévenue présenter une figure béate. Une douceur inhabituelle sortit de la bouche de l’accusée, des phrases isolées qui gagnèrent en cohérence à mesure qu’augmentait le volume de son laïus :
— Hier, un esprit est venu me dire que notre fils était condamné à vivre entre la vie et la mort parce qu’il s’était suicidé. 

mercredi 15 juin 2011

Insa Sane au festival Etonnants Voyageurs

 

Insa Sane déclamant les premières pages de son livre lors d'un café littéraire avec Oxmo Puccino et Rachid Santaki au festival Etonnants Voyageurs.

vendredi 10 juin 2011

"Apportez-moi Octavio Paz" de Federico Vite

Le commandant Ojeda rêve depuis tout jeune de devenir un grand écrivain. L'affaire Polkon tombe à pic, cela ferait un merveilleux sujet pour son premier livre.
La veuve Polkon est accusée du meurtre de son fils Rogelio, dont l'esprit continue de la hanter, et elle retrouve en prison le goût de l'orgasme et son teint de jeune fille.
En mal d'inspiration, le commandant Ojeda fait kidnapper le poète Octavio Paz pour l'aider sur son manuscrit, mais le prix Nobel ne compte pas se laisser faire. Et s'il voyait là l'occasion de signer enfin son premier roman.

Du chantage littéraire, des policiers fainéants et corrompus, une justice expéditive et des voitures qu tombent systématiquement en panne... Federico Vite signe ici une novela délirante, un conte absurde sur la société mexicaine et le monde littéraire où se mêlent délicieusement ironie et humour noir.

La veuve d'Octavio Paz a obtenu le retrait des livres à la vente au Mexique.


SORTIE LE 23 JUIN 2011