jeudi 4 juin 2009

À l'origine de Jazz Me Blues...

... quatre grands textes de deux formidables écrivains aujourd'hui bien oubliés : Davis Grubb, nouvelliste prolifique dont l'oeuvre reste éclipsée par l'adaptation cinématographique de sa Nuit du chasseur, et Charles Beaumont, qui fut (avec Rod Sterling et Richard Matheson) l'un des trois scénaristes de la série culte The Twilight Zone (La Quatrième Dimension). 

Mise en bouche : 

"Ciprio Africanus Bellwether était un génie. Il jouait de la trompette. Il était noir. Je ne veux pas dire café au lait, ni sépia, ni mulâtre, ni octavon. Je veux dire noir. D’un noir luisant, comme celui d’un chapeau de magicien en soie. Je ne pense pas qu’on eût pu trouver une seule goutte de sang blanc dans sa généalogie. Il est mort, aujourd’hui. Et nous ne verrons plus et n’entendrons plus jamais quelqu’un jouer comme lui. Peut-être est-ce pour le mieux. Car on le tuerait très certainement, de la même façon qu’on a tué Ciprio. Moi, Buster, Red, Chuck et Merle. Et vous."

Davis Grubb, "Un fruit encore plus étrange" 


"Spoof Collins se faisait sauter la cervelle, et pas qu’un 
peu, juste au niveau des tempes. Pas avec un pistolet, non, avec une trompette. Tous les soirs de huit heures à une heure du matin, en douceur. Il en est mort. De grimper comme ça, de grimper tout là-haut en jouant de la musique. La raison ? « Hé, man. Spoof, écoute, tu l’as eu ton arbre, maintenant, descends ! » Mais descendre, il ne pouvait pas, il ne savait pas faire. Il continuait de grimper de plus en plus haut. Jusqu’à tomber. Ou sauter. En tout cas, c’est comme ça qu’il est mort."

Charles Beaumont, "Black Country"

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