mercredi 14 avril 2010

LECTURE / CARTOUCHE

       "Ce n’est évidemment pas parce que Thierry Marignac nous a fait l’honneur de la page suivante que nous invitons le lecteur à se précipiter sur son dernier livre. C’est tout simplement parce que nous considérons que Marignac est probablement ce que le genre noir a produit de plus original en France depuis la génération des Manchette et des A.D.G. Et c’est parce que Le pays où la mort est moins chère est un concentré du meilleur Marignac : un vrai cocktail Molotov, composé de nouvelles qui allient une vision carrément désespérante du monde moderne à une sorte de mélancolie ontologique. Le résultat n’est pas très gai, on s’en sera douté, mais il est cependant roboratif. Et il est roboratif parce que la vérité des êtres et des choses de ce temps, fût-elle excessivement atroce, est forcément plus roborative que leurs simulacres lénifiants, et que lire Marignac vaut paradoxalement tous les antidépresseurs. Cela tient à la vitesse, à la violence et à l’énergie du style, à un vrai génie de l’image et de l’ellipse, dont il faudrait peut-être remonter au premier Morand, celui de Fermé la nuit et de L’Europe galante, pour retrouver l’équivalent dans la littérature française. On ne peint pas le chaos avec la plume d’Anatole France. Marignac, lui, écrit au chalumeau et fignole au laser. Ça décoiffe."
M.M.

Thierry Marignac,
Le pays où la mort est moins chère,

Moisson rouge
144 p., 15€.

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