jeudi 1 mai 2008

.... et il n'est pas content (2)

Deuxième épisode de notre saga printanière, où l'on en apprend plus sur nos héros (et les télécommunications post-mortem), et où toute ressemblance avec etc. etc. serait évidemment fortuite.
Et puis surtout, un épisode à l'image du dernier livre de la maison : PUNK.


Télémaque regarda Lilith. Télémaque tenta de se souvenir ce qu’ils avaient fait la veille. Ils avaient bu, évidemment. D’abord en compagnie de Tristan Rimaniaque, un auteur de polar perpétuellement en rage contre le genre humain, y compris les humanistes ibères de gauche comme l’auteur de Plutarque à Ostende qu’il avait poursuivi lors d’une soirée mémorable avec un sabre cosaque. Car Rimaniaque vivait aussi en Russie six mois de l’année où il fomentait des coups d’états néo-communistes avec d’anciens du KGB qui comme lui aimaient se baigner par moins vingt après avoir brisé une couche de glace à coup de manche de pioche, les mêmes manches de pioches qui avaient juste avant fracassé la tête de libéraux pro-européens, d’homosexuels moscovites ou de tchétchènes drogués.
Parfois, vivre et travailler avec Rimaniaque pouvait susciter chez l’éditeur normalement constitué une manière de lassitude, chienne fidèle.
— T’as bu quoi, Lilith, hier soir avec Rimaniaque ? Parce que je ne sais pas si tu es au courant mais Robert Bloch est mort en 1994.
— Prends-moi pour une conne, Télémaque, je te rappelle que la réédition de La Starlette infernale est une idée de moi. Sinon, toi aussi tu as fait l’ivrogne avec Rimaniaque… répondit Lilith, qui alluma une cigarette, prit un Molexil et ouvrit une bouteille de Drappier zéro dosage avec une virtuosité qui rendit Télémaque muet d’admiration, de cette mutité typique du deleuzien qui voit sous ses yeux naître un nouveau percept.
— C’est une mauvaise plaisanterie, alors. Passe-moi un peu de champ’, steuple, Lilith.
— T’exagères, Télémaque, il est à peine onze heure du matin.
— Et toi, alors, ça n’a pas l’air de te gêner…
— On voit bien que ce n’est pas toi qui a reçu un coup de téléphone d’outre-tombe répondit-elle avec la plus parfaite mauvaise foi.
Télémaque s’abstint de lui faire remarquer qu’il n’y avait pas besoin d’un coup de téléphone de Bloch, de Goodis ou de Thompson pour que les bouchons de champagne claquassent dès potron-minet dans les locaux de ILK (I Like Kholkhose pour les initiés), 5, rue Lanus, Paris cinquième.
La jeune maison d’édition avait été fondée six mois plus tôt par les deux jeunes gens en compagnie de quelques individus peu recommandables du genre de Rimaniaque, tous des demi-soldes, paranoïaques ou ombrageux dont la seule excuse était un goût très sûr en manière de roman noir, de roman punk et plus généralement de littérarure pornographique, malsaine et dégénérée, à faire cauchemarder des intégristes onanistes ou des jeunes dindes élevées en batterie dans les couvents et qui croient à 17 ans que pédophile est un parfum de chewing-gum et non la vilaine habitude de leur professeur de langue de sortir son sboub et de le promener sur leurs visages quand elles ne savaient pas leurs verbes irréguliers (come, came, come in my ass…).
— Une mauvaise plaisanterie, j’en suis sûr répéta Télémaque. Un coup de Rimaniaque ou de Brouque ou de…
— Arrête de faire la liste des dingues avec qui on bosse, ça me déprime, dit Lilith en avalant un deuxième Molexil et en se versant à nouveau du Drappier. Puisque je te dis que c’était Robert Bloch…
— Mais comment tu peux en être si sûre ?
— Tu connais beaucoup de gens qui appellent en PCV depuis l’Enfer, toi ?

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