Rachid Santaki n'a pas honte de dire qu'il est un "symbole de l'échec scolaire" car ce battant a eu sa "revanche": son polar, "Les anges s'habillent en caillera", qui plonge le lecteur au coeur de Saint-Denis, s'arrache en librairie, surtout dans les quartiers populaires.
A la lecture du livre, on imagine un jeune auteur au style "caillera". Il écrit avec des mots de la cité et du dialecte marocain, à côté d'une langue plus classique. Il se place dans les quartiers populaires de Saint-Denis pour raconter l'histoire d'Ilyès, un voleur aguerri de cartes bancaires, que l'on voit "gravir les échelons de la délinquance", en quête d'argent facile.
Mais Rachid Santaki semble bien loin d'Ilyès, qui existe réellement et est actuellement incarcéré à Villepinte, en Seine-Saint-Denis. Il l'a rencontré plusieurs fois.
Si l'auteur, qui en est à son deuxième livre, reconnaît avoir fait "quelques conneries de gamin", c'est aujourd'hui un père de famille de 37 ans, avec "une tête de premier de la classe", parfois pris pour un policier par les jeunes de cité.
Lui qui a grandi à Saint-Ouen avant d'arriver à Saint-Denis, où il a "adopté la mentalité de cité", se décrit comme un "symbole de l'échec scolaire" avec sa 4e techno et son BEP compta. Mais il se veut surtout un "bosseur" et un "battant".
"Mon père a fait de moi un Rachid Balboa", dit-il, en référence à Rocky Balboa, le personnage incarné par Stallone au cinéma. Il raconte son "envie de prendre une revanche, de faire plein de choses".
Depuis l'adolescence, il passe du temps sur les rings de boxe à Saint-Denis, où il puise encore son inspiration. Et il n'a jamais arrêté de travailler: chauffeur livreur, manutentionnaire, éducateur sportif, il a créé le site internet hiphop.fr, puis le magazine 5Styles pour lequel il a obtenu de la chambre de commerce et d'industrie de Paris le prix Espoir de l'économie 2006.
"J'ai beaucoup observé les parcours autour de moi. Certains sont passés de l'autre côté, sont partis en prison et sont revenus changés, ça ne donnait pas envie", se rappelle-t-il.
Il déborde d'énergie et de créativité. Pour la promotion des "Anges s'habillent en caillera", il a passé des nuits à coller 3.000 affiches dans toute la Seine-Saint-Denis. Il court à la rencontre des lecteurs. Prochainement, il va tourner dans le 9-3 dans un van habillé aux couleurs du livre.
Il ne cache pas sa fierté face au succès de son polar. Les 2.000 premiers exemplaires ont été écoulés en quelques jours après sa sortie en janvier. Il y a eu une réédition à 2.000, et il va y en avoir encore une autre, se félicite son éditeur, "Moisson rouge".
Rachid Santaki montre des messages reçus sur Facebook de jeunes qui ne lisent pas d'habitude et qui n'ont pu lâcher son livre. "Ils se reconnaissent dans le langage, dans les personnages, dans les histoires", dit-il. "C'est pour ça qu'avec + Les anges +, le 93 a son premier roman noir", ajoute l'auteur.
"Dans mon entourage, certains étaient choqués que j'écrive un livre aussi sombre alors que je suis très positif", confie-t-il.
"J'avais envie de montrer que moi sorti de nulle part, j'étais capable de faire une fiction originale", explique Rachid Santaki, qui voudrait rencontrer des auteurs reconnus comme Dominique Manotti ou Didier Daeninckx.
mercredi 23 février 2011
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