par JC Ditroy
Il y a des contrevérités qui ont le don de me foutre hors de moi : prétendre qu'une voiture électrique est "propre", que l'énergie nucléaire est "non polluante" (comme si on avait résolu la question ô combien épineuse des déchets !) et qu'elle assure notre indépendance énergétique (ah bon ? on a de l'uranium, en France ?), ou bien encore, entendre déclarer sans rire que compacter les bouteilles en plastique vides, ça fait moins de déchets... (dixit Jérôme Bonaldi).
Alors quand on a la fibre écologiste, on peut toujours se donner bonne conscience et la gerbe en regardant Le cauchemar de Darwin d'Hubert Sauper, les putasseries du Hulot que je n’appelerai jamais Monsieur, et les insipides leçons de morale de l’homme à l’hélicoptère qui ne pollue pas, ou encore Une vérité qui dérange du regrettable Al Gore, dont la défaite ― par lui bien vite acceptée ― aux élections de 2000 (c’est à dire hier matin) , contre Dobeuliou Bush s'est jouée en Floride, l'un des écosystèmes le plus fragiles et les plus dévastés du monde, livré aux bétonneurs et aux pétroliers.
Mieux vaut nous plonger avec délice dans la lecture du très réjouissant Jackpot de Carl Hiaasen (10/18), auteur fendard, écolo, amoureux de sa Floride, justement, qui met en scène la confrontation entre une aide vétérinaire noire, éprise de nature et deux pécores néo-nazis, sous l'œil désabusé d'un journaliste bien évidemment alcoolique : un régal ! Du même auteur, Pêche en eaux troubles (toujours chez 10/18) décrit avec férocité les magouilles politico financières et les ravages combinés de la pêche « sportive » et du tourisme industrialisé. De quoi rigoler un bon coup (d’autant qu’il en a écrit plein d’autres, mais ces deux-là, c’est mes préférés...).
Un autre grand allumé, écrivain icône des années soixante, Edward Abbey, était un radical : saboteur de bulldozers et inspirateur du mouvement « Earth First! », qui rêvait de faire sauter les barrages et de rendre la nature à elle même. On lui doit une vingtaine de bouquins, dont le génial Gang de la clef à molette et sa suite, Le retour du gang de la clé à molette, réédités chez Gallmeister. Attentats jouissifs perpétrés par une bande de militants écolos complètement déjantés, livrant une guérilla sans merci à des industriels mormons dingues de pognon et d’uranium (c’est la même chose), dans le sublime décor de la région des four corners, ce désert à cheval sur les frontières de l'Utah, de l'Arizona, du Colorado et du Nouveau-Mexique.
À sa mort, en 1989, Edward Abbey fut enterré en secret , personne ne sait où exactement, dans ce désert qu'il aimait passionnément.
Alors ne boudez pas votre plaisir, pour une fois qu'on peut être écolo sans être ennuyeux...
JCD
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