mardi 31 mai 2011

Noir comme polar chronique Psychose

Un vendredi après-midi à Phœnix, Arizona. Le patron de Mary Crane la charge de déposer à la banque les 40 000 dollars en cash qu'un négociant plein d'argent des concessions pétrolières vient de lui remettre pour l'achat d'une maison. Sur un coup de tête Mary décide de fuir avec l'argent, rejoindre l'homme qu'elle aime, Sam Loomis, un quincaillier d'une petite ville du Nord couvert de dettes qui les empêchent d'envisager le mariage.  Mais après 18 heures de conduite, épuisée, égarée sur une route secondaire, Mary décide de s'arrêter pour la nuit. L'obscurité, la pluie et le vent la poussent au Bates Motel, étrange établissement vide, tenu par Norman Bates, gros homme pathétique qui vit seul avec sa mère, malade et tyrannique.
Réédition -augmentée d'une préface de Stéphane Bourgoin et d'un entretien inédit avec l'auteur- dans une nouvelle traduction d'un classique de l'horreur que Robert Bloch écrit en 1957, inspiré par l'histoire du boucher de Plainfield. Une mécanique de l'angoisse et de la folie intacte, aux échos évidemment amplifiés par les images indélébiles de l'adaptation géniale d'Alfred Hitchcock (1960). Il est d'ailleurs étonnant de constater à la (re)lecture à quel point les deux se nourrissent.  L'atmosphère du livre fait surgir la silhouette angoissante de la vieille qui se découpe à la fenêtre de sa chambre, retentir le cri de Janet Leigh dans l'incontournable scène de la douche et rappelle qu'Anthony Perkins sera toujours Norman Bates, père des serial killer du polar américain, ou l'inverse. La tension schizophrénique latente qui explose en pics de violence, les dialogues, la nuit, le marais, l'ombre glaçante de la grande maison en surplomb et l'isolement nourrissent un récit dont le climat suffocant maintient à lui seul l'intérêt (rare) d'un livre à chute dont on connaît pourtant la fin.
Clémentine Thiebault

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