Kriss Vilà est un Morand punk. Il use de la métaphore comme d’une arme de précision et il réinvente une littérature sans oiseaux.
Morand, génération 17 :carnage mondial et révolution russe ;
Vilà, génération 77 : guerre froide et marchandisation universelle.
En 1977, en France, la sortie du gauchisme laisse un goût de cendre. Le temps est venu pour l’ardent travail du négatif : ce sera le néo-polar (Manchette, Fajardie) mais ce sera aussi le Punk. Le Punk comme dans un roman de Vilà.
Les filles ressemblent toutes à l’Agnès Soral de Tchao Pantin dans Sang Futur. Si elles pouvaient quitter l’Hinterland bétonné qui leur sert de décor, franchir le périph qui pulse comme une aorte asphaltée, elles retrouveraient sur les canapés de Libération, à l’aube, Pacadis défoncé, de retour d’un raout héroïnomaniaque.
Sang futur est écrit, disons, cinq ans avant que le sida fasse régner sur les corps la terreur que le néocapitalisme fait régner sur le travail. Sang futur a l’intuition de cette fraternité maudite qui va naître dans la nuit virale du nihilisme des eighties.
Vilà fait de son livre un concentré visionnaire, instable comme une nitroglycérine dosée par des schizophrènes et des hébéphrènes, des trente ans qui vont suivre : panique immunitaire, guerre civile larvée, pathologie ethnique et ambiguïté sexuelle, donc narrative..
Le pari de Vilà est gagné : Sang futur, c’est sang présent.
La figure outragée d’un monde qui s’en va.
Sang futur, c’est maintenant et pour toujours.
lundi 28 avril 2008
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