Il serait objectivement dommage que Prière pour Dawn passe inaperçu pour des raisons de paresse journalistique et médiatique, cette paresse qui résume la rentrée littéraire étrangère à l'obscur et surfait Thomas Pynchon, cet écrivain pour prof en narratologie, lu de manière pavlovienne et hébétée par les bacs+5.
Prière pour Dawn est le premier roman de Nathan Singer. Quand Moisson rouge a décidé de mettre en bandeau l'Attrape-Coeurs 2008, il ne s'agissait pas (simplement) de stratégie commerciale. L'Attrape-coeurs est ce roman culte de Salinger qui mettait en scène un adolescent, Holden Caufield, viré de son école et découvrant qui il était pendant une fugue de quelques jours. Dans Prière pour Dawn, c'est l'ensemble des personnages qui donnent l'impression d'être sortis du roman de Salinger pour partir à la découverte d'eux même, non plus dans l'Amérique heureuse et rockwellienne des années 50 mais dans le Disneyland préfasciste de l'après 11 Septembre.
Ils ne sont plus confrontés simplement à une quête d'identité mais à une violence protéiforme: politique, raciale, sexuelle, narcotique. C'est une Amérique où une petite fille de 9 ans vit entourée de pornographie, de came, d'ordre moral intrusif, de tours qui s'effondrent, une Amérique où un adolescent poète de 15 ans assume avec un mélange d'arrogance et de douceur une homosexualité hyperbolique avant de choisir le nomadisme révolutionnaire, une Amérique où l'on manifeste devant les couloirs de la Mort mais où un flic de Cincinatti peut lancer , par puritanisme, une chasse à l'homme après un dessinateur de génie (père de notre petite Dawn), une Amérique où les derniers hommes libres sont les chroniqueurs des journaux underground, ces samizdat de la dictature capitaliste.
Nathan Singer qui avait un peu plus de vingt cinq ans à l'écriture de ce livre maitrise parfaitement la polyphonie, sait jouer du contraste entre l'insoutenable (des viols à mort en taule), le magique (la télépathie entre fumeurs d'opium), le politique (les groupes radicaux anti-Bush) et la beauté pure (les poèmes qui scandent le récit).
On nous permettra pour conclure (provisoirement)à propos de Prière pour Dawn de citer Saint-Paul qui aurait parfaitement pu se trouver en exegue du livre: "Là où le péché abonde, la Grâce surabonde."
Jérôme Leroy
Nathan Singer, Prière pour Dawn, 18 euros.
Prière pour Dawn est le premier roman de Nathan Singer. Quand Moisson rouge a décidé de mettre en bandeau l'Attrape-Coeurs 2008, il ne s'agissait pas (simplement) de stratégie commerciale. L'Attrape-coeurs est ce roman culte de Salinger qui mettait en scène un adolescent, Holden Caufield, viré de son école et découvrant qui il était pendant une fugue de quelques jours. Dans Prière pour Dawn, c'est l'ensemble des personnages qui donnent l'impression d'être sortis du roman de Salinger pour partir à la découverte d'eux même, non plus dans l'Amérique heureuse et rockwellienne des années 50 mais dans le Disneyland préfasciste de l'après 11 Septembre.
Ils ne sont plus confrontés simplement à une quête d'identité mais à une violence protéiforme: politique, raciale, sexuelle, narcotique. C'est une Amérique où une petite fille de 9 ans vit entourée de pornographie, de came, d'ordre moral intrusif, de tours qui s'effondrent, une Amérique où un adolescent poète de 15 ans assume avec un mélange d'arrogance et de douceur une homosexualité hyperbolique avant de choisir le nomadisme révolutionnaire, une Amérique où l'on manifeste devant les couloirs de la Mort mais où un flic de Cincinatti peut lancer , par puritanisme, une chasse à l'homme après un dessinateur de génie (père de notre petite Dawn), une Amérique où les derniers hommes libres sont les chroniqueurs des journaux underground, ces samizdat de la dictature capitaliste.
Nathan Singer qui avait un peu plus de vingt cinq ans à l'écriture de ce livre maitrise parfaitement la polyphonie, sait jouer du contraste entre l'insoutenable (des viols à mort en taule), le magique (la télépathie entre fumeurs d'opium), le politique (les groupes radicaux anti-Bush) et la beauté pure (les poèmes qui scandent le récit).
On nous permettra pour conclure (provisoirement)à propos de Prière pour Dawn de citer Saint-Paul qui aurait parfaitement pu se trouver en exegue du livre: "Là où le péché abonde, la Grâce surabonde."
Jérôme Leroy
Nathan Singer, Prière pour Dawn, 18 euros.
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