jeudi 14 janvier 2010

Portrait Chinois

Plusieurs auteurs ont accepté de répondre au “Portrait chinois” soumis par Action-Suspense. Aujourd'hui : Thierry Marignac (“Renegade Boxing Club”, “Le pays où la mort est moins chère”)


Si vous étiez un assassin, quelle arme auriez-vous utilisé ?

Question difficile, on pense à ses ennemis, on s’échauffe, on se prend à rêver : pendaison par les pouces, écartèlement, pilonnage d’artillerie lourde… J’ai trouvé !

Un instrument contondant, genre, hum, le casse-tête chinois.

Si vous étiez le cauchemars des cauchemars ?

Je serais l’agent du NKVD en retraite qui répondit à la question:

Combien de temps faut-il pour briser le ressort d’un homme ?…

Et j’aurais comme lui l’œil torve devant la caméra pour lâcher dans un soupir:

Trois semaines.

Si vous étiez le rêve absolument inaccessible ?

Prince d’un empire indépendant et surarmé au Nord-Est de l’Europe où les femmes esseulées ont automatiquement droit à une carte de séjour, si l’on excepte une toute petite formalité d’épilage de mollets qui concerne spécifiquement les concierges lusitaniennes.

Si vous étiez le pire défaut humain ?

Le goût du lucre sans frein, sans filet ― la cupidité monopoliste morbide et planétaire. La mesquinerie érigée en volonté de puissance. Bref, tout ce qui passe de nos jours pour du professionnalisme.

Si vous étiez un personnage historique (lequel), seriez-vous pire ou meilleur ?

Si j’étais Raspoutine, personne, je vous le garantis, n’aurait versé d’arsenic dans ma vodka.

Si j’étais Mémé Guérini, j’aurais sûrement été le premier à dire: ”L’ai-je bien descendu ?”

Si j’étais Frank Sinatra, je serais mort en beauté pour Ava Garner.

Si vous êtiez l’amant d’une star, vivante ou disparue, ce serait qui ?

Isadora Duncan, soufflée à Sergueï Essenine au bar de la Coupole grâce aux vers hypnotiques de mes poésies dadaïstes, par un « Soir de Paris, ivre du gin … » ― au cours de leur tumultueux périple en Occident. Essenine aurait vivement souhaité avoir la chance de me dédier son tabouret en pleine tronche, mais je lui aurais refilé de la coco ― occupant ainsi le poète du peuple le temps nécessaire à ce qu’on s’arrache à l’anglaise, moi et la danseuse étoile, vers une représentation privée du "Lac des cygnes".

Si vous étiez un animal 1/ sauvage, 2/ domestique ?

1)Un rat d’égout gros comme un chat de gouttière, deux fois plus teigneux et porteur de maladies infectieuses foudroyantes.

2) Un vautour de compagnie friand de foie d’alcoolique.

Si vous étiez une ville 1/ de France, 2/ d’Europe ?

1)Désolé, les villes de France (et en particulier la mienne : Paris dans sa version post-moderne) me navrent. Je ne peux donc pas répondre à cette question sous peine d’un gros coup de cafard improductif.

2) Odessa, Ukraine.

Si vous étiez un jour de la semaine ou une heure de la journée ?

Le lundi, parce que tout le monde est déprimé et ferme enfin sa gueule.

Assez banalement le crépuscule, parce que c’est l’heure de la métamorphose.

Si vous êtiez un métier (autre qu’auteur), lequel et pourquoi ?

Traducteur-interprète. On devient un réceptacle d’informations, sans avoir besoin de prendre parti. On pige qu’une "opinion", personnelle ou collective, est formatée de bout en bout. Ce qui commence par la langue maternelle et ses paramètres de plus en plus bornés.

Si vous êtiez une catégorie musicale ?

Le rock ultra-moderne de Alan Vega, des Black Keys, et plus encore celui de Mamonov (popstar russe des années 1980, acteur du film de Pavel Lounguine “L’île”) qui sait simultanément retourner aux sources binaires et se projeter en avant, en travaillant sur la dissonance, une des voies impénétrables (aux tâcherons) de l’harmonie ― voie royale pour les artistes.

Si vous êtiez un sport ?

Le tir olympique. Ça peut servir.

D'autres infos sur Thierry Marignac ? Cliquer sur la chronique de "Renegade Boxing Club" - sur celle de "Le pays où la mort est moins chère" - sur celle de "Maudit soit l'Eternel !"

Par Claude LE NOCHER - Publié dans : "Portraits chinois" -

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