Q.: Qu'est-ce qui se passe en France quand on appelle le 911?R.: Rien.

"Un grain de sable s’était glissé dans les rouages huilés de son implacable certitude. Ce grain de sable portait un nom qui sonnait comme une note interdite que les jazzmen vont puiser très loin au fond de leurs tripes, une note qui vient du ventre, laissant invariablement une cicatrice. Cette fausse note, dans l’univers d’Angelo, s’appelait Nombril. Non pas nombril, comme un nombril, mais Nombril, comme le nom d’une femme qui posséderait le plus bel orifice de la création. Perdre revenait à ne rien perdre… Pour la première fois de sa vie, La Trique doutait de sa propre doctrine, celle qui l’avait amené au sommet. Et c’était un grain de sable, un vulgaire grain de sable, roux, rond et chaud, avec une cervelle de moineau, qui venait de gripper la machine. C’est pourquoi Di Savino avait réuni dans son bureau son gang au grand complet. Dix hommes, sans compter la sentinelle en faction sur l’immense terrasse. Tao et Frégate, ses fidèles lieutenants, se tenaient debout à ses côtés, les bras croisés, les griffes rentrées. Les frères siamois étaient inséparables. Petits et maigres, ils ne payaient pas plus de mine que des crayons mâchouillés ayant servi à remuer le café. Mais pour qui savait observer l’espèce humaine, dans les châssis de ces deux-là, on ne lisait que du malheur. Angelo, ramassé dans son fauteuil, les coudes posés sur son bureau, ses longues mains osseuses jointes à hauteur du menton, faisait craquer ses articulations. Habillé d’un sobre costume noir à la coupe impeccable, sur un col roulé en laine d’Écosse, il avait quelque chose du Nosferatu de Murnau. Mais le patron du Dancing Vamping n’était pas un vampire ordinaire."

Kriss Vilà, notre spécialiste ès crise, nous envoie cet historique édifiant des logos de la Caisse des Débits et Consternation. Avant de se passionner pour les subprimes et les écureuils clamsés, KV a écrit l'excellent Sang Futur, réédité par Moisson rouge en 2008, que l'on peut se procurer ici ou là, pour la modique somme de 13 euros. Abordable même en temps de crise...


par Joey Spitfire
Salut les enfants ! Bon, au cas où vous auriez passé ces quatre derniers mois inconscients allongés dans une mare de pisse et de dégueulis, faut que je vous dise : ma tendre épouse, la célèbre starlette du porno de bas étage Clover Honey (héroïne de bijoux du cinéma tels que Une Lampée de Miel, Miel aux noisettes et la suite Encore un peu de Miel ?), a porté plainte contre moi pour violences conjugales et je paye ma dette à Chillicothe. Oui, ma femme, celle qui m’a asséné vingt-sept coups de couteau à steak non consécutifs. Elle a eu le culot de dénoncer votre fidèle serviteur aux bignolons pour une malheureuse baffe et une bousculade contre un mur. Voilà comment sont les femmes de nos jours. Et le juge a pris sa défense ! Voilà à quoi ressemble la justice de nos jours. Alors me v’là entouré de Latinos tatoués jusqu’à la moelle, de moricauds en tous genres, et d’enculés qui savaient pas qu’ils étaient pédés avant de me voir dans les douches. Qui a dit que j’avais pas une vie bien remplie ?
Ce qui m’amène au sujet de la chronique de cette semaine. Cher lecteur, sache que j’ai eu droit à mon bizutage ! C’est officiel, Joey Spitfire est désormais la jolie pépée du quartier. J’ai toujours dit que j’avais pas froid aux yeux comme mec. Bah maintenant, j’aurai pas froid au cul non plus.
Donc, j’avais un codétenu dans ma cellule qui s’appelait Ping-Ja-King-Wu-Fung Ding-Dong-Machin-Chouette. Un enfoiré de chinetoque, quoi. Bon. Ça faisait des semaines qu’il me menaçait de ci et ça, alors je lui ai balancé, « Écoute-moi bien le bridé, ôte-toi ça de la tête ou je t’étrangle avec ta bite, mais faudrait encore que ton petit bout de ficelle jaune fasse le tour de ton cou, enfoiré ! » J’veux bien qu’on me déchire le rectum et qu’on m’appelle Charlotte s’il ne s’y est pas donné à cœur joie. Il m’a coincé le bras derrière le dos, m’a cogné mon précieux minois contre le mur, m’a baissé le froc et s’est fait plaisir. Ça m’a tout de suite rappelé les colonies de vacances chez les Cathos. Et tout ce qu’on dit sur les mecs d’Extrême-Orient comme quoi ils auraient un service trois pièces miniature ? Des conneries. Le fils de pute m’a perforé les poumons, oui. Cela dit, je lui ai rendu la monnaie de sa pièce. Enfin, si on veut. Disons que s’il était déjà bridé, j’ai accentué ça avec une lame de rasoir. Il s’est mis à hurler, nom d’un chien ! Pire qu’un môme.
Donc, pourquoi je vous raconte tout ça ? Hmm. Voyons. Mais parce que c’est drôle. Hein que c’est drôle ? Des hommes qui se font violer, c’est drôle. Les gens font tout le temps des blagues là-dessus. C’est drôle, c’est tout. Une femme qui se fait violer, c’est une véritable tragédie. Mais un gars qui se fait violer, c’est à se taper le cul par terre. Vous savez, je suis là pour vous divertir, moi. J’ai des crampes et je ne peux plus rien avaler HO HO HO ELLE EST PAS MAL, CELLE-LÀ ! J’ai des sueurs froides et la nuit j’angoisse HI HI HIIIIII ! Ça fait quatre jours que j’arrête pas de gerber HA HA HA HA ! Je ne peux pas m’asseoir sous peine de faire sauter les points de suture que j’ai au… HOU HOU HA HA ! J’ai une hémorragie au trou de balle HA HA HA !! MAIS ARRÊTE BON SANG !! JE VAIS ME PISSER DESSUS !!!!
Gabba gabba hey,
JS
Ça ne coûte que 15 euros et ça nous ferait très, TRÈS plaisir...
... c'est que, entre le BAT du livre d'octobre, l'excellent Un ange sans elle de Serguei Dounovetz, polar magique où le commanditaire d'un tueur à gages amoureux d'un nombril est l'ange Gabriel, et la dernière touche au nerveux Narco Football Club, de Marc Fernandez et Jean-Christophe Rampal (à paraître en novembre, on en reparle), on avait un peu de temps pour les chroniques domestiques. Peu de temps tout court, d'ailleurs, bouffés que l'on est par les manuscrits, les coups de fil (70% de pub, non on ne veut pas d'un nouvel opérateur téléphonique qui fait aussi le café, non on n'a pas de responsable marketing-développement durable, oui on se passera du service répondeur-rigolo, non on ne publie pas de poésie épique, enfin voyez)... et tandis que j'écris on sonne à la porte du 2 rue Malus pour nous livrer deux palettes énormes en provenance de la Sodis... et... ça y est... palettes déchargées, avec l'aide du monsieur (excusez mon halètement, l'édition c'est du sport). Les locaux sont donc maintenant envahis de cartons par quintaux; à peine anxiogène: ça nous rappelle notre installation qui fut, certains s'en souviennent, légèrement rock'n'roll. Tendinite mon amour.