jeudi 9 décembre 2010
mercredi 24 novembre 2010
mercredi 10 novembre 2010
Les mémoires d'un poisson rouge - Episode 2
vendredi 5 novembre 2010
Festival Paris Noir - le 12 et 13 novembre
jeudi 28 octobre 2010
Chronique de la Mala Espera par Sophie Di Ricci
lundi 18 octobre 2010
« LES MÉMOIRES DU POISSON ROUGE »
vendredi 15 octobre 2010
La grande ville plante carnivore, lieu d'intégration
http://www.moisson-rouge.fr/moicommeleschiens
http://www.moisson-rouge.fr/lamalaespera
mardi 12 octobre 2010
Dédicace à la librairie Au bonheur des ogres à Lyon
à la librairie Au Bonheur des Ogres à Lyon le samedi 16 octobre à partir de 15h !
http://www.aubonheurdesogres.com/librairie/Accueil.html
lundi 11 octobre 2010
mercredi 6 octobre 2010
CE SOIR
Les dix premiers à se faire dédicacer un exemplaire auront le droit à un livre neuf ET un badge !
jeudi 30 septembre 2010
Noir comme polar
27-09-2010
Sophie Di Ricci
Moi comme les chiens
Clémentine Thiebault
Coup de coeur Black Novel
Lire l’intégralité de la chronique sur :
http://black-novel.over-blog.com
vendredi 24 septembre 2010
Candide dans les bas-fonds, lelitteraire.com
Par François Xavier, le 24 septembre 2010
« Faîtes le détour, fuyez les têtes de gondoles et le dernier Nothomb pour vous ouvrir à de nouvelles sensations, à une langue forte qui ose marier vaticiner et enculer sous une même couverture, dans une suite de courts chapitres titrés qui vous happent finalement, dans une syntaxe profondément humaine. Car l’homme est né de la boue, non d’un chou… »lire le reste de l’article
jeudi 23 septembre 2010
lundi 20 septembre 2010
Les cailleras ne sont pas de mauvais anges- série littéraire urbaine
Pour patienter jusqu'à la sortie des "Anges s'habillent en caillera" en janvier 2011, retrouvez chaque semaine les aventures de Sofiane, le cousin du Marseillais, dans la série littéraire urbaine "Les cailleras ne sont pas de mauvais anges", tous les lundis jusqu'à la parution du roman.
lundi 6 septembre 2010
Entretien de Sophie Di Ricci avec Les petits papiers de Mademoiselle
Qu’est-ce qui vous a donné l'envie d’écrire ?
Merci Sophie.
jeudi 2 septembre 2010
vendredi 27 août 2010
Entretien de Sophie Di Ricci avec Babelio.
Moi comme les chiens a été inspiré par le Shinjuku Triad Society de Miike Takashi, en quoi la construction cinématographique a-t-elle joué sur votre écriture ?
Dans la brièveté des chapitres et l'importance des dialogues. Le récit est très souvent consacré à l'action, peu à l'introspection. Enfin je crois...Le titre de votre roman est repris de Comte de Lautreamont "Moi comme les chiens, j'éprouve le besoin de l'infini...", simple hommage ou influence littéraire?
Influence, je ne sais pas... Je pense que les auteurs sont toujours influencés parce qu'ils lisent, que ce soit conscient ou pas. Je ne peux pas prétendre être consciemment influencée par un poète dont l'œuvre se déroule dans un monde imaginaire fait de monstres, de mutations, de magie... J'ai écrit un roman « réaliste ».La filiation à Lautréamont se situerait plutôt dans la description de l'appel au monde qu'est l'adolescence – et de l'acceptation ou du refus de cet appel. Loin de moi l'idée de signifier que je l'ai fait de la même façon que lui...
A mes yeux, la citation « Moi comme les chiens... » résume parfaitement ce qu'éprouve un personne aspirée par une tentation qui la dépasse.
mardi 10 août 2010
vendredi 6 août 2010
Interview de Sophie Di Ricci par Bernard Strainchamps
Comment vous est venue l’idée d’écrire Moi comme les chiens ?
Je n’étais qu’une gosse, j’avais vingt-deux ans (j’en ai aujourd’hui vingt-six). Mon frère m’a prêté le film de Takashi Miike "Shinjuku Triad Society", un polar avec des yakuzas. Autant dire que ça m’a fait un choc cosmique. Une histoire simple, des scènes brèves qui claquaient comme les balles d’une mitraillette et une véritable urgence dans le propos, dans la mise en scène, dans la transmission de l’ambiance. Je me suis dit que je devais écrire quelque chose dans ce genre-là. J’avais déjà développé quelques situations de "Moi comme les chiens", mais elles restaient à l’état d’ébauches. Après avoir vu le film, j’ai construit mon fil conducteur très rapidement. Il n’y a rien de très compliqué dans la structure du roman. Rencontre – traque – vengeance.
Pourquoi un couple homosexuel ?
J’ai toujours voulu être un homme et j’aime les hommes. Pour l’instant – peut-être que ça changera un jour – je ne ressens aucun plaisir à développer des personnages féminins. J’ai envie de me transformer, quand j’écris. Sinon, je m’ennuie. Et puis, comme j’aime bien les histoires de sexe, s’il n’y a que des mecs, ça donne forcément des histoires entre mecs. J’adore passer six mois dans l’écriture d’un roman masculin. C’est le pied.
La prostitution masculine, c’est un milieu que vous connaissez ?
Je pars du principe que toute relation vénale, de domination, d’exploitation, se déroule de la même façon. Je connais, dans le sens où j’expérimente, comme la plupart des gens, ces mécanismes-là dans ma vie quotidienne. Avec la drogue ou la prostitution, les choses sont beaucoup moins déguisées que dans d’autres situations.
L’intrigue se déroule durant la coupe du monde de football de 2006. Pourquoi ce choix ?
J’ai écrit le premier jet du roman pendant la Coupe du monde en 2006. Je l’ai intégrée sans même y réfléchir. C’était une bonne initiative, elle m’a fourni une superbe unité de temps. En plus, j’aime beaucoup le football.
Etes-vous lectrice de roman noir ?
En vérité, je lis un peu de tout. En polar et roman noir, j’évite les ouvrages trop violents. Je suis du genre à tourner longtemps avec une petit fonds de roulement d’auteurs : Chester Himes, Richard Price, Edward Bunker, Harry Crews.
Pourquoi les éditions Moisson rouge ?
J’avais trouvé leur ligne éditoriale intéressante, je m’y reconnaissais, bref, j’avais l’impression qu’eux et moi, on pouvait tout à fait s’entendre. J’ai pu bénéficier d’une liberté complète dans la rédaction de mon manuscrit final. Et je pense que c’est ce que souhaite un auteur, non ?
Entretien réalisé par Bernard Strainchamps pour Bibliosurf.com, librairie en ligne.
http://bibliosurf.com/Interview-de-Sophie-Di-Ricci
lundi 5 juillet 2010
Mississipi Blues, lu par E. Borgers
On assiste aux déboires et au chagrin immense causé à Eli Cooper, artiste peintre réputé à New York, par la mort accidentelle de sa jeune femme Noire, danseuse dans un théâtre de Broadway. Propulsé brutalement dans un bled perdu du Mississipi, Eli tente de rassembler ce qui lui reste de bon sens pour faire face à son sort : en fait il se retrouve à West Point en pleine année 1938, en juillet pour être précis. L’année de la mort de Robert Johnson, ce bluesman mythique, réputé avoir vendu son âme au diable.
Il se mettra à tenir un journal relatant ce qu’il vit et ce qu’il ressent dans l’immédiat de cette situation délirante qui l’a mis dans la situation des petits blancs du Sud, parmi une communauté noire majoritaire, exploitée et traitée en untermensch par l’Amérique blanche.
Mais c’est une communauté bien vivante malgré l’espace horriblement retreint que lui laisse le Rêve Américain. Et qui chante. Et qui danse. Et qui a inventé le blues… face à ces strange fruits qui décorent les arbres du Sud, face à la misère et au désespoir. Une musique qui traduit toutes les angoisses, toutes les révoltes, tout le quotidien de ces populations qui ont la peau trop sombre. Un quotidien raconté sous tous ses aspects qui n’est pas décrit avec les précautions oratoires imposées par ce début de 20e s. aux arts de masse, mais bien dans une langue traînante, souvent crue, argotique, imagée et vécue.
Eli tente de survivre dans ce 1938 qu’il connaît surtout par sa musique, ce qui explique qu’il se lancera sur les traces du jeune bluesman Howlin Wolf, ce chanteur noir innovant, puissant, force de la nature, qui sera une des racines du blues de Chicago. Eli ferait tout pour pouvoir écouter le bluesman sur les scènes locales, au cœur de cette période où, toujours dans son terroir, le Wolf chantait déjà beaucoup, mais n’était pas encore enregistré. Et lorsqu’il rencontrera Ella, jeune Noire au service de sa logeuse, Ella cette veuve réservée mais instruite et réfléchie, il se sentira immédiatement attiré par celle-ci, lui marquant très vite un intérêt certain. En 1938, au Mississipi, on pendait pour bien moins que ça…
Récit poétique et brillant, lancé à la poursuite de ses personnages dans les couloirs du temps, Mississipi Blues jongle avec les décalages, les points de vue multiples et les récits à plusieurs voix, tout en parvenant à donner de la consistance à ses personnages et à recréer les ambiances propres aux époques et aux lieux évoqués. Le lecteur sera plongé dans un 1938 qui illustre bien le Sud américain, son racisme, sa pauvreté, sa religiosité proche de la bondieuserie et sa musique, tout en évitant les clichés et l’angélisme. En parallèle avec un 2001, égocentrique, énervé et souvent futile. Si l’ode à l’amour fracassé est évidente, il faudra suivre avec plus d’attention la double ellipse que décrit le récit au travers du temps et de l’espace, ellipses dont les cours se croisent et finissent par se rejoindre, leur débuts et leurs fins se superposant dans des figures topologiques attisées par le côté fantastique de l’histoire que nous conte Natan Singer. Il est certain que les quelques références à Kurt Vonnegut trouvées dans le texte ne sont pas là par hasard, indices du type d’univers visé par Singer.
De plus, les évocations directes ou allusions secondaires se référant aux chanteurs Noirs de blues sont parfaitement cohérentes et justes, avec de multiples inclusions dans le roman de faits réels et de données avérées de leur biographie. Comme ce disque préféré de Eli, Dirty Mother For You, chanté par Memphis Minnie, blues typique par son texte censuré et ses double sens : il s’agit en fait de comprendre « Dirty Mother Fucker », dans ce titre et texte déformés phonétiquement pour pouvoir être diffusés- le blues réel et ses textes crus et réalistes était de toute façon absent des antennes des radios nationales jusque dans les années 1960, seules quelques stations pour Noirs en diffusait ; mais le titre original aurait même pu faire interdire le disque… Il y a aussi West Point, Mississipi, lieu de naissance de Chester Arthur Burnett dit Howlin Wolf en 1910… et d’autres éléments réels, à propos des musiciens Noirs, infiltrés par Nathan Singer (l’auteur, étant lui-même musicien, connaît bien les racines de sa musique).
Par-dessus tout, Mississipi Blues nous emporte par la force du style de l’auteur qui charrie poésie et réalisme vériste, tout en faisant reposer son intrigue sur un fantastique maîtrisé. On reste captivé grâce à une construction non-linéaire qui fonctionne, malgré une certaine confusion qui semble s’installer dans les derniers chapitres du roman.
Après l’extraordinaire Prière pour Dawn, Nathan Singer nous offre sa vision du souvenir hanté par l’amour fou, revu à la National guitare et à l’harmonica diatonique.
Courez l’écouter.
http://polarnoir.net16.net
EB (avril 2010), (c) Copyright 2010 E.Borgers
mardi 15 juin 2010
Moisson rouge lance la Narco coupe du monde
vendredi 21 mai 2010
La fille de Neptune, de Randall Peffer POLAR NAVAL
samedi 24 avril 2010
Yann Le Tumelun, sur Moisson noire, chronique Mississippi Blues
Complètement désorienté, Eli se familiarise peu à peu avec son nouvel environnement et avec quelques-uns des habitants. Il trouve une place à la pension de Mme Durning et la journée, travaille avec d'autres ouvriers dans les champs de coton.
Durant son "séjour", il va faire la connaissance d'Ella, une jeune servante noire qui ressemble trait pour trait à la femme qu'il vient de perdre, et du légendaire blues man Howlin Wolf. Lui aussi a déjà voyagé dans le temps, et il met en garde Eli contre "Eux" : des êtres maléfiques et sournois qui forment la police du temps et poursuivent sans relâche les voyageurs "égarés".
Avec très peu de détails, l'auteur fait revivre le Sud ségrégationniste. On sent la poussière, la chaleur, la sueur après le labeur dans les champs. La vie est dure, encore plus pour les Noirs, brimés, asservis, quand ils ne sont pas pourchassés et lynchés, se balançant comme d'étranges fruits aux branches d'un arbre. Bientôt la révolte gronde, et les bagarres de 1938 font échos aux émeutes du quartier de Watts, à Los Angeles en 1965...
Bien-sûr, ce roman est aussi un hymne au blues du Delta, le blues originel, profond, archaïque, râpeux, celui des Robert Johnson, Big Mama Thornton, Skip James, Memphis Minnie, Son House..., autant de grandes figures que Nathan Singer convoque pour le plus grand plaisir des amateurs de "musique du diable".
Sur le plan formel, on retrouve quelques similitudes avec Prière pour Dawn, notamment la structure éclatée du récit et une histoire racontée à plusieurs voix, ici à partir des journaux intimes des différents protagonistes - Eli, Ella et l'énigmatique Jerôme Kinnae, qui sillonne le Temps et vend ses services à d'autres "voyageurs".
Mais alors que Prière pour Dawn avait tendance à s'éparpiller et à abuser d'effets stylistiques, Mississipi Blues garde une unité ainsi qu'une relative sobriété.
Il est juste dommage que le dénouement soit un peu rapide, pas assez "appuyé" - l'épilogue n'en est pas vraiment un d'ailleurs, plutôt une postface de l'auteur racontant la genèse du roman.
Hormis cette petite réserve, ce Mississipi Blues joliment scandé ne m'a pas lâché. Un petit bijou et un texte aussi iconoclaste qu'enchanteur, où le fantastique flirte savamment avec le polar.
Mississipi Blues / Nathan Singer (Chasing the wolf, 2006, trad. de l'américain par Laure Manceau. Moisson Rouge, 2010)
vendredi 16 avril 2010
mercredi 14 avril 2010
LECTURE / CARTOUCHE
Thierry Marignac,
Le pays où la mort est moins chère,
Moisson rouge
144 p., 15€.
À cheval sur le voyage
Par Christophe Dupuis,
K-Libre
Au début du roman, on peut se demander pourquoi Nathan Singer (l'auteur de l'inimitable Prière pour Dawn chez le même éditeur) ne pose pas directement son histoire en 1938... Mais bien rapidement, cela prend toute sa dimension et, une fois de plus – mais dans un genre radicalement différent de son premier roman –, cela force l'admiration. Le Mississippi de l'époque est parfaitement rendu : architecture, poussière, chaleur, ségrégation, émoi à l'écoute des disques... Et, avec une narration très fluide (tout est toujours rythmé par la mise en page et le travail sur la ponctuation), Nathan Singer vous emmène aux confins du blues. Le roman se lit d'une traite, vous tremblez, êtes effarez... encore un sacré morceau de bravoure !
http://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=livre&id=786
lundi 5 avril 2010
mardi 30 mars 2010
La Bête sur Polar Noir
(The Lenient Beast - 1956)
Fredric Brown
par E.Borgers
http://polarnoir.net16.net/livrescr90.html#brown_misericorde
Cette réédition d’un roman noir de Fredric Brown, avec traduction revue, nous replonge dans ces romans de qualité qui ont fait apprécier au plus grand nombre la littérature hard-boiled et noire aux USA, durant les années fin 1940 à 60, et qui touchèrent un vaste public grâce à leurs éditions de poche, bon marché, souvent édition originale du roman (voir à ce sujet notre article : « Tout dans les poches » -dans Polar Noir).
jeudi 25 mars 2010
jeudi 18 mars 2010
Premier chapitre de La bête de miséricorde de F. Brown
C'est ici.
mercredi 10 mars 2010
La bête de miséricorde (1956) aux Éditions Moisson Rouge (2010)
Tiré du blog "Le vent sombre"
Les jeunes Éditions Moisson Rouge ont inscrit à leur catalogue cette Bête de miséricorde de Frederic Brown, l'un des très grands romanciers de SF des années 40 et 50, qui ne rechignait pas non plus à produire de superbes textes noirs. Je retrouve donc ici avec plaisir ce compagnon d'adolescence, dans une nouvelle traduction d'Emmanuel Pailler. Ce dernier précise ses intentions dans la préface : restituer la précision, la concision, la sécheresse parfois de l'écriture de l'auteur de Night of the Jabberwock et de Martians, go home !, dissimulées sous les versions fantaisistes ou lyriques des années 50.
Le changement de narrateur à chaque chapitre permet à Brown de ne pas se cantonner à cette traque difficile. Le roman devient vite la chronique d'une ville de province, avec son lot d'alcool, de déprime, de racisme subtil, de trahisons comme d'amitiés. Sans flamboyance, Frank Ramos – le détective d'origine mexicaine – se transforme, sous nos yeux, en héros ordinaire de cette Amérique profonde. Intelligent, intuitif, sensible, cultivé, il est totalement dévoré par son métier au point d'en délaisser sa femme. Alors que son partenaire Red connait la félicité en se fiançant rapidement avec une jeune fille rencontrée au cours de l'enquête, Frank voit son couple se déliter. Frederic Brown nous offre alors un nouveau coup d'avance, nous permettant de mesurer, presque de façon indiscrète, tout ce qui sépare les époux Ramos, la tristesse des espoirs du mari, le piège dans lequel se trouve sa compagne.
La bête de miséricorde fait beaucoup penser à Jim Thompson. Ce faux rythme, cette nonchalance d'écriture très étudiée mettent encore plus en valeur les motifs du tueur, le discours religieux avec lequel il habille ses actes pour fuir sa culpabilité et la délivrance inattendue qui lui sera donnée. Loin de l'humour pour lequel Frederic Brown est passé dans l'histoire de la littérature, La bête de miséricorde est un classique lent, profond, sans rapport avec les turpitudes et frénésies actuelles.
Musique écoutée pendant l'élaboration de cette note : Catherine Riberio + Alpes, une cassette usée jusqu'à la corde de 1970.
lundi 1 mars 2010
Des Racailles au Figaro Magazine
ROMAN
De Vladimir Kozlov.
lundi 15 février 2010
Gérard Guégan chronique Racailles dans SUD-OUEST
GÉRARD GUÉGAN.
La vie à bout portant
Pour qui aime la littérature sans détester le cinéma, « Racailles », le roman de Vladimir Kozlov, rappellera peut-être, dans l'acuité du regard, « Ils mourront tous sauf moi », le film de Valeria Gaï Guermanika. À ceci près qu'au contraire de la cinéaste, qui lorgne du côté de Nan Goldin, Kozlov s'inscrit, consciemment ou non, dans la tradition romanesque des premiers Soviétiques, Babel et Pilniak, tenants d'un réalisme à ras de terre qui leur coûta la vie. Les temps, heureusement, ont changé. Aucun juge n'expédiera Kozlov à la potence pour avoir, vingt ans après la perestroïka, tiré de cette époque-là - l'époque des grands possibles - une série de portraits-robots plus terrifiants les uns que les autres.
« Racailles » raconte, en effet, la vie en cité d'adolescents tenaillés aussi bien par le sexe que par l'envie de tourner la page du communisme bureaucratique, avec dans le rôle du Candide (mais un Candide qui raffolerait des mots crus) un certain Volodia dont chacun pensera assez vite qu'il doit beaucoup à l'auteur. Comme lui, il est brillant en classe sans croire un seul instant qu'il en tirera, à l'âge adulte, le moindre profit. Un grand crétin, qui a l'avantage sur Volodia d'avoir déjà fait l'amour, le martyrise et l'appelle « Crevard ».
Si tant est donc que Kozlov soit Volodia, eh bien, tout crevard qu'il a pu paraître être, il fait la démonstration avec son roman d'une énergie que plus d'un Français lui enviera. Un exemple.
Dans les premières pages de « Racailles », à côté de Volodia, on aperçoit Igor, le grand frère, pas vraiment méchant mais, d'évidence, promis, quand il aura quitté sa famille, à la dérive, à la casse. Sauf que le pire est toujours plus proche qu'on le pense. « Igor est mort, écrit à la page suivante Kozlov, à la fin de la seconde, au mois de mai. Il buvait du vin avec ses amis au bord de la rivière. Il est allé se baigner et il s'est noyé. »
C'est sec, c'est net, c'est la vie à bout portant. Remarquable.
« Racailles », Vladimir Kozlov, traduit (avec brio) du russe par Thierry Marignac, 272 p., éd. Moisson Rouge, 18 euros.